Vers qui, vers quoi

Vers qui, vers quoi s’avance-t-on
De ce pas ferme ou à-tâtons
Quelle île au large, ou quel écueil
Quel vent sous nos destins de feuilles

Y a-t-il quelqu’un, là quelque part
Qui nous attend sans le savoir
Un souffle chaud d’humanité
Un point dans cette immensité

Je suis ici sous les étoiles
Le vent caresse un peu ma voile
La nuit déjà est avancée
Une luciole y vient danser

Quelle heure est-il à ta pendule
À l’heur’ fragile où tout bascule

Vers qui, vers quoi, nos corps tendus
Quell’ peau amie, quel chien perdu
À quelle escal’ mène la houle
Quel pot-au-noir dans cette foule

Y a-t-il un feu qui nous appelle
Le temps furtif d’une étincelle
Au camaïeu des solitudes
Résonnent nos similitudes

Je sais le temps du désamour
Et ce bagage un peu trop lourd
Mais funambule à l’horizon
Le jour nous tend son lumignon

Quelle heure est-il à ton cadran
À l’heur’ fragile où je me rends

Vers qui, vers quoi, nos cœurs battants
Même au tempo d’un contretemps
Quel port d’attache ou quelle grève
Au tire d’aile de nos rêves

Y a-t-il quelqu’un qui vient à nous
Dans ce hasard où tout se noue
L’ombre chinoise dans les dunes
De ce quelqu’un, d’une quelqu’une

Je suis ici et maintenant
Sans but précis, et m’y tenant
Et si la pluie fait de son mieux
Nous en ferons des arcs-en-cieux

Quelle heure est-il à ton horloge
À l’heur’ fragile où je m’y loge

Philippe Thivet
(Vers Belle-Île, 19/05/2024)