Le verre qui attend d’être bu
Il y a-t-il encor’ loin
De ma coupe à vos lèvres
Que l’Arcopal au moins
Se prenne pour du sèvres
Et que je puisse encore
Mettre l’eau à la bouche
Ou même un alcool fort
Au risque qu’il nous couche
Y a-t-il encore assez
Du verre à moitié vide
Des ceps entrelacés
Dans les gorges arides
Que je sois d’amitié
Ou bien celui de trop
D’eau fraîche sur l’été
Ou troublé de sirop
Que je sois solitaire
Eau de feu des tribus
Je ne suis que le verre
Qui attend d’être bu
Y a-t-il encor’ beaucoup
De vos soifs à l’ivresse
Entre le dernier coup
Et le raisin qu’on presse
Du dernier pour la route
Qui vous guette au virage
À la petite goutte
Que l’on s’offre en partage
Y a-t-il encor’ quelqu’un
Pour me voir au comptoir
Écopant un chagrin
Ou bien noyant l’histoire
De celui qu’on ébrèche
Quand trinquent les enfants
Quand les gorges s’assèchent
Que l’armure se fend
Que je sois solitaire
Eau de feu des tribus
Je ne suis que le verre
Qui attend d’être bu
Y a-t-il encore au fond
Quelqu’un qui lit son âge
Le souvenir profond
De vos enfantillages
Des échos de cantine
Des chahuts où je tangue
Des boissons clandestines
Dont j’apprends votre langue
Y a-t-il encore en moi
Cet étrange animal
Cette bête en émoi
Qui se comporte mal
La violence latente
Cachée sous l’eau qui dort
Le moment de détente
L’instant de réconfort
Que je sois solitaire
Eau de feu des tribus
Je ne suis que le verre
Qui attend d’être bu
Qu’il y ait encor’ des soirs
Où l’on me lève haut
Pour fêter des victoires
Ou pour se tenir chaud
Que je sois à moutarde
Ou vos mains en corolle
Voyez comme il me tarde
De boire vos paroles
Philippe Thivet
(08/10/2024)