Art
C’est l’inutilité
Indispensable et belle
Cette fragilité
Cette infime étincelle
Les larmes des statues
Leur bronze prenant chair
La note qui s’est tue
Avant la surenchère
C’est le monde en suspens
Au miroir d’aquarelle
Les jaunes de Vincent
En bouquets éternels
Et le regard
Qui fait sa part
D’art
D’art
C’est l’excès de matière
Qui devient quelque chose
Tout ce qu’on ne peut taire
En vers, en cris, en prose
Peut-être le silence
Et la beauté du geste
Quand c’est Mozart qui pense
Que ferait-on du reste?
C’est la mer qui se garde
La mémoir’ de Léo
L’autre que l’on regarde
Au-delà du tableau
Et le regard
Qui fait sa part
D’art
D’art
C’est ce que l’on y voit
Que notre histoire ajoute
La fêlur’ de la voix
La grâce de la goutte
Cette force invisible
Et qui élève l’âme
La beauté indicible
Qui sublime le drame
C’est l’homme qui se prend
Au jeu de Cyrano
Le baiser noir et blanc
Qui pose pour Doisneau
Et le regard
Qui fait sa part
D’art
D’art
C’est le corps et la note
S’épousant à la scène
Cet archet que l’on frotte
Aux violons de Verlaine
Le cœur qui fait grand cas
Qu’enfin on lui réponde
L’éclat de Guernica
A la face du monde
C’est le marbre qui danse
Dans les mains du statuaire
Cette intime évidence
Qu’on ne savait que taire
Et le regard
Qui fait sa part
D’art
D’art
C’est le sens de la vie
Qui n’en a pas pourtant
Sans doute cette envie
De se sentir vivant
Philippe Thivet
(27/02/2017)