Chantez-moi
Qu’on me dise poète
Trousseur d’alexandrins
Rimes riches en tête
Penché sur un quatrain
Que l’on lise mes pieds
Couchés dans un recueil
En linceul de papier
Comme dans un cercueil
Je n’écris que debout
Toujours en chantonnant
Mes rimes bout à bout
Ne sont rien que du vent
La poésie me chante
N’en déplaise à Victor
Elle est langue vivante
Quand s’y pose l’accord
Qu’on me veuille poète
Posant à l’hémistiche
Qu’importe l’étiquette
Chantez-moi, je m’en fiche
Que mon art soit mineur
Qu’il y ait détournement
Rime cherche chanteur
Pour en fair’ son amant
Si Nougaro voulait
Que l’on danse sur lui
Que mes vers soient couplets
Qu’en un souffle ils s’enfuient
Quand les pieds dans le plat
Mon Rimbaud, c’est Leprest
Tout tomberait à plat
Sans la beauté du geste
Qu’on me dise poète
Tel est votre plaisir
La rime trop parfaite
N’aura fait que mentir
Les pieds dans le tapis
Pas très académique
Mes libertés, tant pis
Qu’on les mette(nt) en musique
Et si pauvre est la rime
Présentez-moi la note
Que votre voix s’exprime
Pour en donner la cote
En rock, en valse, en slam
Chantez-moi, je vous prie
Le papier est en flammes
C’est debout que j’écris
Philippe Thivet
(GR5, 10/09/2020)