Remède à la mélancolie
(à Eva Bester…)
Dans la tristesse confortable
Dans le bleuté de nos nuits blanches
Dans la douceur qui nous accable
L’entre-deux eaux d’un lent dimanche
Dans le charme d’un vague au cœur
Au fil noueux de nos synapses
Quand l’âme s’en va battre ailleurs
D’une langueur qui nous dépasse
La voix d’Eva dans la radio
Qui soigne le mal par le mal
Quand tout est vain, tout est idiot
La joie de bien se trouver mal
Ce sentiment qui nous relie
Remède à la mélancolie
Dans la tristesse vénéneuse
La solitude qu’on appelle
Si délicate et si charmeuse
Au piège fin de ses dentelles
Dans l’inespoir bleu de Cioran
Le spleen en vers de Baudelaire
Ce deuil sans cadavre apparent
Ce blues qui joue son petit air
La voix d’Eva dans la radio
Distribuant ses gourmandises
Quand tout est vain, tout est idiot
Mais que l’art est encor’ de mise
L’envie de danser sous la pluie
Remède à la mélancolie
Dans la tristesse alambiquée
Enveloppante et détestable
Ce mi-chagrin revendiqué
Pathologie de l’impalpable
Loin des flonflons du carnaval
Ce doux crachin au gris des quais
Sur l’envers du masque social
Où la mèche attend son briquet
La voix d’Eva dans la radio
Apothicaire de nos âmes
Quand tout est vain, tout est idiot
Le goût de n’en pas faire un drame
La danse espiègle des bougies
Remède à la mélancolie
Ce sentiment qui nous relie
Remède à la mélancolie
Philippe Thivet
(15/01/2020)