A chacun ses Marquises
Le bassin des Tuil’ries
Un dimanche à la voile
Des nuits de rêveries
Le nez sous les étoiles
Le cap Horn à bâbord
Sous l’œil noir des grands fonds
La vie par dessus bord
Filant sur l’horizon
A chacun son étoile
Son port inaccessible
Même pris dans la toile
D’une vie prévisible
Cette étrange lueur
Ce petit feu lointain
Ou cette envie d’ailleurs
Qui nous tient, qui nous tient
Ce n’est pas cette vie
Qui dit ce que nous sommes
Mais cette intime envie
Enfouie sous nos vies d’hommes
Cet enfant qu’à jamais
On garde au fond de soi
Cet enfant qui rêvait
Au creux de son lit froid
Rien qu’un petit caillou
Posé sur une flaque
Ce souffle au fond de nous
Ce cerf-volant qui claque
Ce pays fascinant
Au large de null’ part
Par-delà l’océan
Ou sur l’autre trottoir
A chacun ses Marquises
Sa quête irrésolue
Ce rêve qui nous grise
Cette ivresse absolue
A chacun son espoir
Sa petite étincelle
Cette secrète histoire
Qui fait la vie plus belle
Loin des vies qui nous mènent
Que l’on pensait mener
Ces désirs qu’on essaime
Par le vent ramenés
Une coque de noix
Un chemin de traverse
Le bout du bout du toit
Au plus gros de l’averse
Qu’importe que l’on doute
Et la forme de l’île
N’importe que la route
Menant nos pas fébriles
A chacun son étoile
Son port inaccessible
Même pris dans la toile
D’une vie prévisible
A chacun ses Marquises
Sa quête irrésolue
Ce rêve qui nous grise
Cette ivresse absolue
A chacun ses Marquises
Philippe Thivet
(16/07/2012)