A un ami

Cim'tièr' de Saint-Aignan
Je suis venu te voir,
Voici plus de vingt ans
Que tu dors comme un loir.

Nous étions deux enfants,
Deux frèr's d'adolescence,
Aurions-nous à présent
La même connivence ?

Tant d'années sont passées
Sur les corps et les âmes,
Tant de jours envolés,
De passions et de drames.

Pourtant je n'oublie pas,
Le temps peut bien s'enfuir,
Je suis cet enfant-là,
Et je peine à grandir.

Toi l'éternel ado
Au creux de nos mémoires
Où tu dors bien au chaud,
Je suis venu te voir.

Nous étions deux amis,
Il n'y a pas si longtemps,
Et encore aujourd'hui
Je pense à toi souvent.

Muet comme un vieux sage,
Tu gardes nos secrets,
Et je viens au passage
Te confier mes regrets.

Vois-tu, je n'oublie pas,
Quoi que l'on puisse en dire,
Je suis cet enfant-là,
Et je peine à grandir.

Philippe Thivet
(25/10/2003)