Quatre-vingt-deux printemps

Quatre-vingt-deux printemps
Ell' referme sa porte.
Quatre-vingt-deux printemps
A prendre tout son temps.
Quatre-vingt-deux printemps
Et bien loin d'être morte.
Quatre-vingt-deux printemps
Et tant à fair' pourtant.

A l'hospice du coin
Ell' va parler un peu,
Comme ell' le dit si bien,
Ell' s'en va voir les vieux.
Même plus jeun's au fond
C'est ainsi qu'ell' les nomme,
C'est affair' de saison,
Eux comptent les automnes.

Quatre-vingt-deux printemps
A faire un tas de choses.
Quatre-vingt-deux printemps
Qu'ell' revit doucement.
Quatre-vingt-deux printemps
De vie pas toujours rose.
Quatre-vingt-deux printemps
Et quelques cheveux blancs.

A l'hospice du coin
Ell' parle d'avant-guerre,
Comme ell' le dit si bien,
Ell' va voir les grands-mères.
Au regard des années
Ell' peut être leur sœur,
Parfois même l'aînée,
Mais ça compt' pour du beurre.

Quatre-vingt-deux printemps
Ell' passe dans la rue.
Quatre-vingt-deux printemps
A rencontrer des gens.
Quatre-vingt-deux printemps
Ell' ne l'aurait pas cru.
Quatre-vingt-deux printemps
Et le geste élégant.

A l'hospice du coin
Ell' réconforte un peu,
Comme ell' le dit si bien,
Ell' s'en va voir les vieux.
Et si le cœur bien sûr
N'est plus ce qu'il était,
Ces vieux-là la rassurent,
Il est encor' parfait.

Quatre-vingts des poussières
Excusez-la du peu.
Quatre-vingts des poussières
Ell' s'en va voir les vieux.

Philippe Thivet
(17/05/2004)