Le pull-over
Au refuge la gardienne
Voyant passer les moutons
Se dit, qu’à cela ne tienne
Viendra la morte saison
Les pelot’s vont à l’estive
Il est grand temps de s’y mettre
Pour que quand le froid arrive
J’aie quelque chose à me mettre
Je vais me fair’ pour l’hiver
Un bien joli pull-over
Au refuge la gardienne
Voyant passer les marcheurs
Se dit, qu’à cela ne tienne
Mes doigts seront tricoteurs
Sur le sentier de la laine
En filant la métaphore
Déjà ses doigts se promènent
En rêvant à son confort
Ell’ va se fair’ pour l’hiver
Un bien joli pull-over
Au refuge la gardienne
Voyant passer l’alpiniste
Se dit, qu’à cela ne tienne
Mes aiguill’s n’ sont pas de schiste
Allons chercher illico
Sur pas-plus-bête.net
Les premiers pas du tricot
Il est temps que je m’y mette
Je vais me fair’ pour l’hiver
Un bien joli pull-over
Au refuge la gardienne
Voyant passer les touristes
Se dit, qu’à cela ne tienne
Je suis ma propre styliste
Et si je suis le modèle
Comme ils suivent le GR®
J’affronterai le grand gel
Bien au chaud dans mon mohair
Je vais me fair’ pour l’hiver
Un bien joli pull-over
Au refuge la gardienne
Voyant passer les râleurs
Se dit, qu’à cela ne tienne
Je m’y remets tout à l’heure
Et une maille à l’endroit
Et une maille à rebours
Je décompte ainsi les mois
Qui mènent aux mauvais jours
Je vais me fair’ pour l’hiver
Un bien joli pull-over
Au refuge la gardienne
Voyant le temps qui crachine
Se dit, qu’à cela ne tienne
Je me crois dans la marine
Aurais-je prévu trop grand
Lançant mes travaux laineux
Au lieu de compter les rangs
Je ne compte que les nœuds
Je vais me fair’ pour l’hiver
Un bien piètre pull-over
Au refuge la gardienne
Voyant passer les bergers
Se dit, qu’à cela ne tienne
Je vais encor’ gamberger
Et de un pas en avant
Et de deux pas en arrière
Ma pelote, c’est navrant
Broute encor’ dans la clairière
Je n’aurai pas pour l’hiver
Mon bien joli pull-over
Au refuge la gardienne
Voyant passer les moutons
Se dit, qu’à cela ne tienne
Je sais coudre les boutons
Quant à ce maudit tutto
Col en V ou col en rond
Il m’aura rendue marteau
Et au diable les patrons
Je n’aurai pas pour l’hiver
Mon bien joli pull-over
Au refuge la gardienne
Voyant passer la saison
Se dit, qu’à cela ne tienne
Il me reste mon blouson
À la gardienne du refuge de Bésines…
Philippe Thivet
(GR®10, 12/09/2023)