Le piéton de Marly
Promeneur solitaire
Tout à ses rêveries
Et à l’art de se taire
L’homme passe sans bruit
Entendez une plainte
Mais ce n’est que le vent
L’homme connait la feinte
Du silence élégant
Est-ce une pie qui jase
Le chant d’une fauvette
Ou bien un air de jazz
Lui trottant dans la tête ?
Tout à sa mélodie
Le piéton de Marly
Un livre dans la poche
L’homme regarde au loin
L’averse qui s’approche
Sur ses frères humains
Les Chevaux de Marly
Figés dans leur ruade
Savent bien la folie
De ce monde malade
Est-ce déjà la pluie
Pianotant dans les branches
Les doigts de Giovanni
Pleuvant de noire à blanche ?
En toute modestie
Le piéton de Marly
S’il est bien un sujet
Dans la forêt royale
Pour l’homme au pas discret
La cour n’est que florale
Jamais un seau d’avoine
Ne vaut la moindre chaîne
Il a pour patrimoine
Poignée de gens qu’il aime
Est-ce plume de geai
Brillante d’encre noire
Ou celle de Dimey
Chantant dans sa mémoire ?
Loin des petits marquis
Le piéton de Marly
D’aucuns le voient passant
Mais je le sais passeur
Jean Valjean dans le sang
Lisant Schopenhauer
Sa richesse pourtant
Est de rester curieux
Il sera toujours temps
De se prendre au sérieux
Est-c’ l’écho d’une horloge
Venant lever un lièvre
Ou l’humour de Desproges
Lui revenant aux lèvres ?
Tout à sa poésie
Le piéton de Marly
Promeneur solitaire
Tout à ses rêveries
Je le sais homme et père
Le piéton de Marly
Le piéton de Marly
à Jean-Jacques Taïb…
Philippe Thivet
(26/12/2017)