Il peint des nus
L’intimité qui prend la pose
Fine toison qui s’ourle d’ombre
A fleur de peau ce teint de rose
Une aréole un peu plus sombre
Sans pouvoir y poser la main
Là où la peau se fait velours
A peine le galbe d’un sein
La caresse du contre-jour
Suivant des courbes inconnues
Il peint des nus
Voici la naissance des hanches
Lascivement sous le pinceau
Et la palette qui s’épanche
Au détour d’une goutte d’eau
Déjà l’innocence des mains
Pétries d’attente et de promesses
Aux joues la pudeur de carmin
La demi-lune d’une fesse
Dans les secrets d’une inconnue
Il peint des nus
Quelque sourire énigmatique
Attisant le feu du désir
Cet habit de toile impudique
Où le corps vient se découvrir
Ici, L’origine du monde
Traîne son ombre sulfureuse
A l’épaule une boucle blonde
Sous la brosse méticuleuse
Pris aux cheveux d’une inconnue
Il peint des nus
L’instantané dans le miroir
De l’érotisme à pile et face
L’aveu déjà de la soie noire
Glissant au pied de cette glace
Belle alanguie à la cimaise
Gardant pourtant quelques secrets
Une inconnue, regard de braise
Prend la pose d’un air distrait
Au souvenir de l’inconnu
Qui peint des nus
Philippe Thivet
(29/12/2015)