Bécassine et Marcel
D’entre les belles lettres
S’il faut que l’on se pâme
Je fus de tout mon être
Du côté de chez Swann
Mais pardonnez, Marcel
Si parfois je cousine
Au bras de cette oiselle
Qu’on nomme Bécassine
Couchez-vous de bonne heure
Tenez-le vous pour dit
Moi, jeune fille en fleurs
J’aimais cette étourdie
De Bécassine à Proust
De Proust à Bécassine
Qu’on aime peu ou Proust
Pourvu de l’on bouquine
Fréquentant au salon
Oriane de Guermantes
J’ai goûté sans façon
Votre ironie mordante
Mais à mon temps perdu
J’y ai trouvé mon compte
Bécassin’ s’il en fut
Je n’en avais pas honte
Elle est dans ma Pléiade
Cette bonne Bretonne
Que jamais on n’y brade
Sa brouette de pommes
De Bécassine à Proust
De Proust à Bécassine
Qu’on aime peu ou Proust
Pourvu de l’on bouquine
Sondant les profondeurs
De toute l’âme humaine
Je vous garde en mon cœur
Comme une madeleine
Mais sachez que me touchent
Les réparties naïves
De cette fill’ sans bouche
Ni espiègle ni vive
Pour une robe verte
Et un tablier blanc
Je vous dis, adieu Berthe
Bécassine m’attend
De Bécassine à Proust
De Proust à Bécassine
Qu’on aime peu ou Proust
Pourvu de l’on bouquine
Gantés du gris de suède
De ce temps retrouvé
Relisons sous un plaid
Le grand œuvre achevé
Mais s’il est des classiques
Pour donner de la voix
De petites musiques
Me mettent en émoi
Si je fus Albertine
Du côté de Balbec
Saluons Bécassine
Puisqu’il faut faire avec
à Francesca Solleville…
Philippe Thivet
(07/03/2017)