Le droit d’hauteur
Je veux de l’inutile
Du beau qui sert à rien
Je veux sentir fébrile
Le cœur du comédien
Je veux la larme à l’œil
Et les étoile(s) avec
Je veux que l’on me cueille
Que l’on me cloue le bec
Je veux de l’incongru
Qui me rende moins bête
Des musiciens des rues
Des peintres, des poètes
Que l’on chante à tue-cœur
Que l’artiste se lâche
Et que le droit d’auteur
S’écrive avec un h
Je veux de la culture
Au ciné, dans la rue
Qu’ell’ soit notre nature
Qu’elle hurle, qu’elle rue
Je veux être curieux
De tout ce qui se joue
Et qu’il soit impérieux
Ce besoin entre nous
Je veux l’odeur des livres
Et des bibliothèques
Que l’âme s’y enivre
Et tout le corps avec
Je veux savoir le monde
Ses arts et ses coutumes
Pourquoi la Terre est ronde
Et bleue comme un agrume
Qu’encore on m’interroge
Sans même en avoir l’air
Que les idées s’arrogent
Le droit de nous déplaire
Je veux de la culture
Au musée, au théâtre
Qu’ell’ soit notre nature
Qu’elle se mette en quatre
Je veux que Cyrano
Soit toujours bien en verve
Qu’il nous offre ses mots
Et que l’on se resserve
Je veux des saltimbanques
Des corps intermittents
Et ressentir le manque
De tout ce qu’on leur prend
Je veux que l’on présume
De la force du rêve
Du masque et de la plume
Du rideau qui se lève
Qu’on m’invente une vie
Bien plus vraie que nature
Qu’à chaque trait d’esprit
On fasse des boutures
Je veux de la culture
Partout et à toute heure
Qu’ell’ soit notre nature
Notre air, notre tuteur
Je veux sentir le cœur
Du spectacle vivant
Pas ce vieux pacemaker
Que la télé nous vend
Je veux encor’ de l’art
Et sous toutes ses formes
Qu’on le trouve bizarre
Et qu’il soit notre norme
Je veux le sentir battre
Subtil et dérisoire
Sans ministre à la patte
Pour aller se fair’ voir
Philippe Thivet
(21/10/2020)