Godasses blues
De quelle Cendrillon
Allant à cloche-pied
Nous vient ce bottillon
A jamais oublié
De quelle fin de noce
Ces souliers vernis
Combien de creux, de bosses
Pour ce daim racorni
Quel chemin parcouru
Par ces trous de semelle
Combien de coins de rues
Sans y voir la poubelle
D’où viennent les godasses
Qu’on voit au bord des routes
Quels sagouins les délacent
Pour un tout dernier shoot
D’où viennent les godasses
Qu’on voit au bord des routes
De quelle roturière
Vue comtesse aux pieds nus
Nous provient cette paire
De grolles saugrenues
De quel champ de bataille
Ce surplus militaire
Et de quelle piétaille
Ces godillots à terre
De quelle envie d’ailleurs
De marcher sur des braises
Viennent parmi les fleurs
Ces vieilles charentaises
D’où viennent les godasses
Qu’on voit au bord des routes
Quels sagouins les délacent
Pour un tout dernier shoot
D’où viennent les godasses
Qu’on voit au bord des routes
Quel est ce petit rat
Prenant la clef des champs
Qui loin de l’Opéra
Jette ses chaussons blancs
De quel grand marathon
Ces piteuses baskets
De quel distrait peton
Cette unique claquette
De quelle ombre de chêne
Ces mocassins à glands
Sont tombés l’âme en peine
Fruits d’un inélégant
D’où viennent les godasses
Qu’on voit au bord des routes
Quels sagouins les délacent
Pour un tout dernier shoot
D’où viennent les godasses
Qu’on voit au bord des routes
Et quel traîne-savate
Quel foutu va-nu-pieds
Mérite un coup de latte
Venant du cantonnier
Des coups de pieds au cul
S’il en est qui se perdent
Prenez-les en reçu
De vos écrase-merdes
Si dans ce champ d’ordures
J’ai cueilli ma chanson
A ses pieds vos chaussures
Ne trouvent pas raison
Philippe Thivet
(18/06/2019)