Dans les branches
Il se dit certains soirs
Dans le vent de l’été
Qu’on entend dans le square
Les arbres murmurer
Quelques branches se penchent
Et sans langue de bois
Ici les cœurs s’épanchent
Se confient à mi-voix
Le platane tout haut
Rêve de fair’ ses malles
Pour saluer les bateaux
Sur le bord du canal
Au bout de ces nuits bleues
Le cèdre du Liban
Vient lui parler un peu
Des parfums d’Orient
Si le saule pleureur
Traîne son âme en peine
Le vent, petit farceur
En passant le dépeigne
Il se dit certains soirs
Dans le vent de l’été
Qu’on entend dans le square
Les arbres murmurer
Le ginkgo biloba
Qui l’a tant entendue
Y répète tout bas
L’histoir’ des mille écus
Voici près du bassin
La belle passiflore
Se berçant des refrains
Du charmant sycomore
Un très vieux conifère
Un peu dur de la feuille
Dit ne pas vouloir faire
Du bois pour les cercueils
Si le vieil acacia
Se tait, l’air ombrageux
Le vent devine là
Un sujet épineux
Il se dit certains soirs
Dans le vent de l’été
Qu’on entend dans le square
Les arbres murmurer
La branche du mûrier
Eprise d’aventure
Est venue déclarer :
Ce soir je fais le mur
Un palmier dans le vent
Parle d’une oasis
Où vivaient ses parents
Pas très loin de Tunis
Et bien loin de ces dunes
Le grand pin parasol
Au repos sous la lune
Lui reprend la parole
Si le vent dans les pignes
S’étonne du silence
C’est en langue des signes
Que parlent les essences
Philippe Thivet
(13/02/2016)