Sentir et sentier
Je vais nez au vent pour me balader
On ne peut dir’ mieux ce que je ressens
Sans faire l’affront de nos yeux bandés
Le charme est aussi dans ce que l’on sent
Sentir et sentier
Les mots sont si proches
Nos nez et nos pieds
Ainsi se rapprochent
Par la fleur ici
De cette aubépine
Que j’orthographie
Du bout des narines
La menthe poivrée
Tutoyant l’ajonc
L’odeur de marée
Et de goémon
Le goût de la pluie
Mouillant la poussière
Le nez qui traduit
Ce parfum mystère
C’est le nez au vent que je le parcours
On ne peut dir’ mieux ce que je ressens
S’il serait dommag’ de lui être sourd
Son charme est aussi dans tout ce qu’il sent
Sentir et sentier
Les mots sont si proches
Nos nez et nos pieds
Ainsi se rapprochent
Par l’aneth sauvage
Loin de nos cuisines
Que l’on se partage
A pleines narines
L’aiguille de pin
Craquante au soleil
Dans un pré le foin
Fauché de la veille
Et même la pip-
E d’Amsterdamer
Pendue à la lipp-
E d’un promeneur
C’est le nez au vent que je fais chemin
On ne peut dir’ mieux ce que je ressens
Si j’aime qu’un chat y croise ma main
Le charme est aussi dans ce qu’on y sent
Sentir et sentier
Les mots sont si proches
Nos nez et nos pieds
Ainsi se rapprochent
Par l’odeur d’humus
Et de champignon
Le doux stimulus
D’un fruit de saison
L’effluve animal
D’un bouquet de vaches
Le dernier pétale
Que les vents s’arrachent
Tellement de choses
Qu’on ne peut nommer
S’il ne sent la rose
Ou l’herbe coupée
C’est le nez au vent que je fais ma route
On ne peut dir’ mieux ce que je ressens
Sans vouloir cracher sur ce que j’y goûte
Le charme est aussi dans ce que j’y sens
Sentir et sentier
Les mots sont si proches
Nos nez et nos pieds
Ainsi se rapprochent
Par le chèvrefeuille
Parfumant la haie
Ce que le nez cueille
Que la main ne sait
La fragrance infime
De cette herbe folle
Le mélange ultime
Qui déjà s’envole
La géographie
Des mille senteurs
Que cartographient
Mes pas baladeurs
Sentir et sentier
Semblent-ils sont frères
Pour l’avoir entier
Aiguises ton flair
Philippe Thivet
(GR34, 07/09/2018)