L’âme des vagues
Je suis née quelque part
Au cœur des quarantièmes
Rugissants, pour ma part
Je feule dans vos veines
Caressant vos étraves
Et vos coques de noix
J’y essuyais ma bave
Salivant sur ma proie
Mes colères d’automne
Auront fait parler d’elles
J’en avais fait des tonnes
Pour diluer mon sel
Berçant vos vague(s) à l’âme
Je suis l’âme des vagues
Que l’on me dise, lame
Et je brandis ma dague
Sur la Terre gironde
Je suis fille du vent
Qui s’en va à la ronde
Engrosser l’océan
Qui du courant marin
Ou de sa volonté
A tracer mon chemin?
Qui l’autre aura dompté?
Pour une marée haute
Qui battait le rappel
J’ai frôlé quelque côte
Du froid de mon scalpel
Berçant vos vague(s) à l’âme
Je suis l’âme des vagues
Que l’on me dise, lame
Et je brandis ma dague
J’ai croisé sur ma route
Vos porte-containers
Et tout ce qu’il m’en coûte
De vos déchets amers
Votre énergie fossile
Au ventre des tankers
Et la mouette immobile
Qui pensait toucher terre
A perdre la raison
J’ai hurlé sous la lune
Déchirant l’horizon
De mes griffes d’écume
Berçant vos vague(s) à l’âme
Je suis l’âme des vagues
Que l’on me dise, lame
Et je brandis ma dague
J’annonçais l’équinoxe
Au temps de ma bravoure
Y jouant à la boxe
Mon histoire au long cours
Pour mon dernier quatre heures
A la fin du voyage
Je croque les surfeurs
Qui m’avaient trouvée sage
Touchant à vos rivages
Je sais déjà le monde
Dans mes moments de rage
Ecoutez-le qui gronde
Berçant vos vague(s) à l’âme
Je suis l’âme des vagues
Que l’on me dise, lame
Et je brandis ma dague
Je porte votre planche
Et sale votre peau
Berçant votre dimanche
De mon dernier clapot
Philippe Thivet
(GR34, 10/05/2018)