Bab el-Mandeb
(La porte des larmes)
Des traits de lave noire
Mascara minéral
Soulignent aux regards
L’âpre beauté d’Assal
Dans l’air chargé de sel
Entre lac et désert
On y paie la gabelle
En batt’ments de paupières
Là dans le creux des pognes
Y déposant les armes
Liquide le cœur cogne
A la porte des larmes
A Bab el-Mandeb
A Bab el-Mandeb
Les montagnes pastel
Qu’époussette le vent
Ecoutent les appels
Du désert au levant
Tel un vers de Rimbaud
Qui passa par ici
Il s’y dit que le beau
Habite ce pays
Mille brûlure(s) éclatent
Au brasier de ses charmes
Les cils humides grattent
A la porte des larmes
A Bab el-Mandeb
A Bab el-Mandeb
Le rouge de la mer
Sait les larmes de sang
Que l’Histoire en ces terres
A semé en passant
En un constant ballet
Nourrissant les cargos
Les grues au long des quais
Ont des grâces d’oiseaux
Une armada se drape
D’un vaporeux vacarme
Tout un océan frappe
A la porte des larmes
A Bab el-Mandeb
A Bab el-Mandeb
Que des larmes de joie
S’écoulent en musique
Quand s’élèvent les voix
De la corne d’Afrique
Afar et Somali
S’y chantent à tue-tête
La musique est ici
Affaire de poètes
Branle-bas de combat
Le corps sonne l’alarme
Et déjà le cœur bat
A la porte des larmes
A Bab el-Mandeb
A Bab el-Mandeb
à Fred Hidalgo…
Philippe Thivet
(08/11/2016)