Nos ruines
La belle bâtisse
Peut se dresser fière
Le coeur qui s'y glisse
Lui n’est pas de pierre
Sous les doigts qui traînent
Pas une fissure
On y voit à peine
L'éclat de peinture
Les tours arrogantes
Y tutoient le ciel
La porte grinçante
Peut garder son fiel
Le vent caressant
La poussière fine
Il en faut du temps
Pour bâtir des ruines
La belle masure
Peut paraître stable
Mais au pied du mur
Roule un grain de sable
Le soleil d'été
Craquèle le bois
Le coeur alerté
Y bat déjà froid
Le toit goutte à goutte
Compte les orages
Peu à peu le doute
Disjoint le faîtage
Le vent soulevant
La poussière fine
Il en faut du temps
Pour bâtir des ruines
Qu'elle soit manoir
Ou simple cabane
Le coeur sans histoire
Peu à peu s'y fane
Plus que quatre murs
Sans fleurs au balcon
L'automne y murmure
Sa douce oraison
A un jet de pierre
Le dernier carreau
Répand sa lumière
En mille morceaux
Le vent emportant
La poussière fine
Il en faut du temps
Pour bâtir des ruines
La dernière averse
Emporte son lot
Le temps nous traverse
Et le coeur prend l'eau
La braise du poêle
Est morte de faim
A la belle étoile
Le foyer s'éteint
En quelques tessons
L'écho des grands crus
De son paillasson
Nous jette à la rue
Le vent pelletant
La poussière fine
Il fallut du temps
Pour bâtir nos ruines
Philippe Thivet
(30/07/2018)