Les heures de pointe
C’est l’envie pressante
D’être quelque part
La file d’attente
Pour avoir sa part
L’homme irrationnel
En flot moutonnier
L’aiguill’ sentinelle
À son tisonnier
L’étouffante étreinte
Des heures de pointe
C’est poulets sans tête
Courant sur les quais
L’humble pâquerette
Qu’on presse en bouquet
Blaireaux que nous sommes
Terrés au métro
Quand le métronome
Nous met tous au trot
Dans le labyrinthe
Des heures de pointe
C’est Bison Futé
Au feu du Far-west
La flèche affûtée
Passant au crash test
La queue qui s’allonge
Au gré des râleurs
L’envie qui nous ronge
D’être à tout à l’heure
Là sous la contrainte
Des heures de pointe
C’est dans l’aquarium
Sardines en boîte
Le grand air en somme
Que chacun convoite
Grand chassé-croisé
Dans le sablier
L’aoûtien toisé
Qu’on veut oublier
Dans la longue plainte
Des heures de pointe
C’est l’horlog’ parlante
Qui bégaye un peu
L’aiguille tricotante
Resserrant ses nœuds
La ruée vers l’or
De quelques secondes
Le loisir encore
D’être de ce monde
Mené par la junte
Des heures de pointe
C’est Saint-Valentin
Consacrant l’amour
L’heur’ des strapontins
Et du, cours toujours
La dernière mode
Avant la prochaine
Le même épisode
Qui repasse en chaîne
L’horreur sacro-sainte
Des heures de pointe
C’est toi dans la foule
Qui me reconnais
En dehors du moule
La vie qu’on se fait
Faisons cette feinte
Aux heures de pointes
Philippe Thivet
(07/06/2020)