Ailes et mer
A peine un souvenir
Une saute d’humeur
Et le temps de le dire
Nos pensées sont ailleurs
Largués les bibelots
Encombrant la mémoire
Tu vas au fil de l’eau
Diluant ton histoire
De sources en ruisseaux
On s’irrigue de vie
Puis d’un coup de pinceau
La pluie peint son lavis
Et voici goutte à goutte
Que le temps nous menace
Que le corps s’arc-boute
Pour en garder la trace
Ailes et mer
La vie t’emporte ailleurs
Alzheimer
On sait le nom par cœur
Pour un zéro pointé
Au devoir de mémoire
Le cœur désappointé
Veut fair’ semblant d’y croire
Oubliant d’où tu viens
Tu descends vers la mer
Ignorant le chagrin
Qui gonfle la rivière
Les méandres sont longs
De nos cycles de l’eau
Elle coul’ sous les ponts
Pour mieux tomber de haut
A en perdre le fil
Même des habitudes
Dans cet étrange exil
Loin de nos certitudes
Ailes et mer
La vie t’emporte ailleurs
Alzheimer
On sait le nom par cœur
Même le quotidien
Peu à peu tend ses pièges
A ce menu fretin
De l’esprit qui s’allège
Couleur d’aluminium
Dans le soleil couchant
Les flots à coup de gomme
Te bercent doucement
Et l’esprit se disperse
Au gré de ces courants
Dans ce monde à l’inverse
Où l’on se désapprend
Toi tu les aimais tant
Ces marées redoutables
L’équinoxe emportant
Tous nos châteaux de sable
Philippe Thivet
(22/07/2012)