Nos eaux souterraines
D’une source sous la pierre
Que polit un peu le temps
Coule l’eau d’une rivière
Affleurant de temps en temps
Quand le cœur vide son sac
Au trop-plein de son débord
Nous revient dans le ressac
Ce qu’on dit de l’eau qui dort
Cache-t-elle des naufrages
Des îles jamais atteintes
Des tempêtes faisant rage
Ou des cieux en demi-teinte
Ainsi nos eaux souterraines
Où s’abreuvent nos racines
Se gonflant de quelques peines
En méandres se dessinent
D’une source sous la mousse
Loin de l’eau de nos lagons
Une larme coule douce
Tel un spectre vagabond
Le barrage d’un sourire
Offre l’illusion d’un lac
Un miroir où l’on se mire
La quiétude d’une flaque
Narcisse sauvant la face
Nous gardons ce goût de sel
Au tréfonds d’une crevasse
Où les chagrins s’amoncellent
Ainsi nos eaux souterraines
Où s’abreuvent nos racines
Se gonflant de quelques peines
Aquarelles se dessinent
D’une source que l’on nomme
Jaillissent des cataractes
Le cœur n’est plus économe
Nous livrant sa peine intacte
Les digues n’ont pas tenu
Et à force qu’il y pleuve
Les badauds tombent des nues
Devant les eaux de ce fleuve
Mer d’huile ou marécage
Tous les chagrins ravalés
Au trop-plein de nos barrages
Déferlent dans la vallée
Ainsi nos eaux souterraines
Où s’abreuvent nos racines
Se gonflant de tant de peines
Creusent là quelques ravines
Philippe Thivet
(28/07/2023)