Les larmes de sirènes*

C’est la peine océane emportée par la houle
Le chagrin dérisoir’ qui lentement s’écoule
C’est du sel à nos plaies que l’on rajoute encore
La triste vérité de l’envers du décor

Nos vies polystyrènes
Les larmes de sirènes

C’est nos traces de pas au tapis de la rive
L’écume de nos jours partant à la dérive
C’est la goutte qui fait déborder tout le vase
Le charme vénéneux des pleurs que l’on écrase

L’inconséquence humaine
Les larmes de sirènes

C’est ce petit ruisseau sous nos paupières closes
Tout un écosystème frôlant l’overdose
C’est la grande rivièr’ nous serrant dans ses bras
La croissance infinie qui nous engloutira

L’industrie souveraine
Les larmes de sirènes

C’est le flot continu de notre incontinence
Le programme donné de notre obsolescence
C’est milliards de milliards de fragments qui déferlent
Le toc assourdissant de nos colliers de perles

La folie que l’on draine
Les larmes de sirènes

C’est l’ivresse absolue, le flacon et le reste
Le déchet que l’on trie pour la beauté du geste
C’est nos propres enfants qu’on gave de plastique
La chaîne alimentaire au sourire ironique

Le poison dans nos veines
Les larmes de sirènes

C’est la pépite noire au fond de nos batées
Nos caprices encor’ d’enfants pourris gâtés
C’est ce grand continent où nous faisons naufrage
Le sablier pipé au tempo de nos plages

Ce boulet que l’on traîne
Les larmes de sirènes

Philippe Thivet
(09/08/2025)

*Microbilles, granulés en plastique d’origine industrielle, cause de pollution des milieux aquatiques.