Écoute s’il pleut
Sur cette mer d’huile
Où couve le feu
Ce bouquet de tuiles
Qui se fane un peu
Aux plis de ta robe
Aux teintes gris-bleu
Sur les hydrophobes
À la queue leu leu
Écoute s’il pleut
Au débord du vase
Moins la goutte d’eau
Aux tôles des cases
Cherchant le tempo
Sur la poudrière
De ces jours trop chauds
Juste à la frontière
De mes yeux mi-clos
Escota si plau
Au plat du miroir
Gardant son sérieux
Aux bras du séchoir
Implorant les cieux
Au creux des bassines
Sous ce toit poreux
Au flot des racines
Resserrant ses nœuds
Écoute s’il pleut
À l’heur’ du ruisseau
Qui refait son lit
Au zinc de ce seau
Qui se désemplit
Aux chants oubliés
De nos parapluies
Sous les cocotiers
Où l’on se replie
Kout’ si li lapli
Sur ce bel été
Qui chante si peu
La mer agitée
Des jours orageux
Sur ce chapeau claque
Bien trop poussiéreux
À l’aplomb des flaques
Qu’on devine en creux
Écoute s’il pleut
Au lent goutte à goutte
Égrenant ses notes
Sur cette déroute
Où Waterloo flotte
Au jeu des saisons
Qui n'a plus la cote
Sur les fenaisons
Enfilant leurs bottes
Esgourde s’il flotte
Sous ce ciel breton
Mentant comme il peut
Au vrai des dictons
Une fois sur deux
Aux toil’s de Monet
Sans tube de bleu
Au tambour distrait
De nos corps frileux
Écoute s’il pleut
Sur nos parasols
Bien trop prétentieux
Aux préaux d’écoles
Où ce n’est qu’un jeu
Sur le xylophone
Du sauve-qui-peut
Aux feuilles d’automne
Mourant à grand feu
Écoute s’il pleut
Écoute s’il pleut
à Jean-Louis Hue…
Philippe Thivet
(15/08/2020)