Des cascades
Des cascades tempêtent
Fracassantes, rageuses
Quand d’autres font trempette
En eaux marécageuses
Chacun vient goutte à goutte
Des sources de sa peine
Ainsi le cœur s’égoutte
Au gré de nos déveines
Des cascades se perdent
A la faveur du vent
En myriades de perles
En rivièr’s de diamants
Chacun va son filon
Au lit de ses méandres
Chaque larme en dit long
Roulant à pierre fendre
Des cascades se jettent
Quand d’autres s’effilochent
A chaque gouttelette
Tout un monde s’accroche
Eaux et roches s’épousent
A ce jeu suicidaire
Où les gouttes se cousent
Aux ourlets de la pierre
Des cascades se pleurent
Lorsque d’autres se chantent
Chaque goutte à son heure
Réinvente sa pente
Chacun sait le chagrin
Qui se rit des pébroques
Qu’il y pleuve à gros grains
Ou couve sous le roc
Des cascades dévalent
Lorsque d’autres tarissent
Selon que l’on avale
La lie ou le calice
Chacun de pore en pore
Sait le prix de la sueur
Quand s’efface l’effort
N’y laissant que le cœur
Des cascades pissottent
Quand d’autres pissent dru
Aux fontes des calottes
Ou simple(s) enfants des rus
Ainsi de plic en ploc
Chacun va son printemps
En y sculptant le roc
En diluant le temps
Et des cascades suintent
Lorsque d’autres ricochent
Chacune à son empreinte
Aux veines de la roche
On peut bien rire aux larmes
Pour noyer ses fêlures
Chacun va son vacarme
Ou son humble murmure
Des cascades se pleuvent
Lorsque d’autres ruissellent
Les eaux font ce qu’ell’s peuvent
Pour nous paraître belles
Philippe Thivet
(Vallée du Haut-Griffe, 06/2018)