Y a toujours un drapeau

D’un’ région, d’un pat’lin
D’une terre exiguë
De ce bout de terrain
Qu’il a toujours connu

Là, portant la fierté
De sa géographie
Curieuse identité
Lancée comme un défi

Y a toujours un drapeau
Qui vient nous fair’ de l’ombre
Dans les mains d’un fiérot
De se savoir du nombre

Prêchant pour sa paroisse
Imposant ses croyances
Rassurant ses angoisses
Dans cette appartenance

 Y a toujours un drapeau
Pour mener son troupeau

D’un pays ou d’un clan
D’un éclat de mapp’monde
D’un cul-d’-sac qui se prend
Pour le nombril du monde

Dressé parmi la foule
Au milieu de null’ part
Le tissu se déroule
Pour mieux se mettre à part

Y a toujours un drapeau
Qui vient nous fair’ de l’ombre
Dans les mains d’un fiérot
De se savoir du nombre

La couleur annoncée
De l’enracinement
Cette épine dressée
Sur la rose des vents

Y a toujours un drapeau
Pour mener son troupeau

De la terre à nos bottes
Du vent sous nos semelles
Des liens que l’on tricote
Des vies qui s’entremêlent

Au gré des courants d’air
Métissant nos histoires
Loin des mains couturières
Qui sont nées quelque part

Y jamais de drapeau
Pour nous dir’ qui l’on est
Quatre points cardinaux
Et l’idée qu’on s’en fait

Qu’importe sur la carte
L’épingle qui nous cloue
D’où que nos chemins partent
Qu’auront-ils fait de nous ?

Y a jamais de drapeau
Pour nous rendre plus beaux

Philippe Thivet
(30/07/2011)