Soixante-neuf
C’est un nombre qui tangue
Sur le bout de nos langues
Où les chairs sont à vif
Des courbes inversées
Où viennent se bercer
Nos désirs explosifs
Ce n’est qu’un jeu d’adresse
Où les bouches se pressent
Aux dédales des corps
On y met en pratique
Nos cours d’arithmétique
Cherchant ce nombre d’or
Soixante-neuf
Soixante-neuf
On y fait le dos rond
Et les ventres sont prompts
À s’entredévorer
Quand de nos lèvres naissent
Les intimes caresses
Venant nous picorer
Qu’on compte sur nos doigts
Pour tout ce que l’on doit
À ce plaisir coupable
Que la peine soit double
Nageant dans les eaux troubles
De nos bilans comptables
Soixante-neuf
Soixante-neuf
D’aucuns n’y verront que
L’ombre d’un tête-à-queue
L’accident de parcours
Mais c’est en bout de course
Nos bouches à la source
Qui s’abreuvent d’amour
Si le bouche à oreille
Lui n’a pas son pareil
Pour en dir’ les attraits
Les gouttes de l’averse
Tombant à la renverse
En savent les secrets
Soixante-neuf
Soixante-neuf
Que nos corps soient ce nombre
Quand chinoisent nos ombres
Au tamis des voilages
J’applique à la virgule
La fameuse formule
Que nos souffles partagent
De la poule ou de l’œuf
Qui le six ou le neuf
Au jeu de ce miroir
Où viennent à plaisir
Se mirer nos désirs
Et nos bouches y boire
Soixante-neuf
Soixante-neuf
Philippe Thivet
(25/08/2023)