Respirer

Aux corolles de nos corps
Aux pétales de nos doigts
Qui effeuilleront encore
Peu, beaucoup, comme il se doit

Aux lilas de ce printemps
À notre bilan carbone
À l’amour qui prend son temps
À la vie qui déraisonne

À la fleur de ton nombril
Aux embruns dans le noroît
Même aux relents de la ville
À tout moment, tout endroit

Respirer
Respirer
Respirer

Au plein vent de nos fenêtres
Aux nuages de Magritte
Au bourgeon qui vient de naître
Au bol d’air que l’on mérite

Aux confins de notre bulle
À l’appel de la forêt
À l’éther du funambule
À l’espoir du jour d’après

Aux braises d’un feu de camp
Au goudron d’après la pluie
Et que m’importe où et quand
Au toit de ton parapluie

Respirer
Respirer
Respirer

Aux pages d’un livre ancien
À la colle Cléopâtre
À l’ajonc qui nous revient
Par la brise un peu douceâtre

Aux fleurs qu’on ne cueille pas
Au sous-bois qui champignonne
Au détour de chaque pas
Au muguet qui carillonne

Au parfum d’un souvenir
Aux beaux jours des fenaisons
Aux senteurs qu’on croit tenir
Et qu’emporte la saison

Respirer
Respirer
Respirer

Au troupeau dans la prairie
Au sentier qui nous attend
À pleins poumons, à pleins cris
À l’écho les emportant

Au croissant chaud du matin
Au creux de ton oreiller
Au sommet que l’on atteint
Dans l’automne ensoleillé

Loin des parfums de synthèse
De l’argent dit, sans odeur
Respirer ne vous déplaise
Sans contrainte et à toute heure

Respirez
Respirez
Respirez

Philippe Thivet
(19/04/2020)

 
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