L’odeur des roses

A quelle source de profit
S’est dilué ce doux parfum
Ou à quel vent en faisant fi
S’est envolé cet or si fin ?

Où est passée la belle ardeur
De cet effet, quelle est la cause ?
Et si l’argent n’a pas d’odeur
Où est passée celle des roses ?

Plus une épine à nos cueillettes
L’amour serait-il indolore ?
A quoi bon se conter fleurette
Si l’effeuillage est inodore ?

Où est passée cette senteur
Lovée au cœur de toute chose ?
Le beau bouquet n’est qu’un menteur
Où est passée l’odeur des roses ?

Cet amour-là pousse sous serre
Conforme, inerme et sans soleil
Et si déjà le cœur se serre
C’est de ne plus charmer l’abeille

Où est passé ce pur parfum
De l’émotion à peine éclose
Venant fleurir à nos nez fins
Où est passée l’odeur des roses ?

Pour ce bouquet de roses rouges
Au rythme de nos cœurs battants
A nos narines rien ne bouge
Dans l’artifice du printemps

Où est passée cette fragrance
Cet impalpable qui explose
Ce petit souffle d’élégance
Où est passée l’odeur des roses ?

Un peu , beaucoup, à la folie
Dans le secret de nos jardins
Aux mille choses qui nous lient
Aucun des sens n’est anodin

Où est passé ce bouquet-là
Que l’on reçoit paupières closes
Cet invisible aux mille éclats
Où est passée l’odeur des roses ?

Ô viens mignonne! Allons sentir
Comme au jardin de nos mémoires
La rose éclose qui s’étire
Dans les taillis de quelque square

Philippe Thivet
(23/04/2018)