I1 paraît que...

« Il paraît que . . . »
Trois petits mots de rien du tout,
Pattes de mouche sans vergogne,
Arrivant et piétinant tout
Lorsque par eux la rumeur grogne.

« Il paraît que . . . »

Et c'est la porte ouverte à tout,
La mauvaise foi qu'on avoue,
Un peu de discrédit gratuit,
Par jalousie ou par ennui,
Lancé du ton des confidences
Sujett's à caution d'évidence
Ou prononcé bien fort et haut,
Les victim's ont toujours bon dos.

« Il parait que . . . »
Trois petits mots de rien du tout,
Pattes de mouche sans vergogne,
Arrivant et piétinant tout
Lorsque par eux la rumeur grogne.

« Il parait que. . . »

Et les bruits cour'nt à perdre haleine,
L'ont-ils mauvais' ? Qu'à cela n' tienne !
On se complait dans l'à peu près
Qui déforme quelque portrait.
D'une anecdote un peu douteuse
Qu'on prête à une fin fameuse,
On en rajoute aux apparences
Seul'ment par acquis de conscience.

« Il parait que . . . »
Trois petits mots de rien du tout,
Pattes de mouche sans vergogne,
Arrivant et piétinant tout
Lorsque par eux la rumeur grogne.

« Il parait que . . . »

Et un costume pour l'hiver
Qui habille de ses revers,
Taillé sans même qu'on y songe
Dans un beau tissu de mensonges.
On avive quelques ragots,
Qui se prêtent sans distinguo
A cet objet de nos rancœurs
Qu'on vient lyncher en beau parleur.

« Il parait que . . . »
Trois petits mots de rien du tout,
Pattes de mouche sans vergogne,
Arrivant et piétinant tout
Lorsque par eux la rumeur grogne.

« Il parait que . . . »

Philippe Thivet
(16/07/2000)