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Histoires de culs 

Je suis un banc de pierre
Sur le bord du sentier
A quelques jets de pierres
Du site à visiter
J’accueille les touristes
Qui se sont égarés
Culs d’automobilistes
Se posant effarés
Tâtant déjà leurs clés
Dans le fond de leurs poches
Bien loin des culs musclés
Je me tape les moches

Moi, chaise musicale
A la fin des banquets
Je suis aussi bancale
Qu’un très vieux tabouret

Pour les histoir’s de culs
Nous siégeons sur la place
Mais vous seriez déçu
Ici, rien de salace

Je suis un strapontin 
Dans un grand music-hall
Je sais les culs mondains
Serrés quand ils rigolent
Et les soirs de premières
En tenue de gala
Je tâte du derrière
Qui pète dans la soie
Je sais au poulailler
Des sièges bien moins classes
Qui pincent familiers
Des culs de populace

Moi, le vieux tabouret
Des fameux treize à table
Je dresse le portrait
De quelques culs instables

Pour les histoir’s de culs
Nous siégeons sur la place
Mais vous seriez déçu
Ici, rien de salace

Je suis de ces bancs verts
Qu’aura chantés Brassens
Pour qui, selon ses vers
Les amoureux en pincent
Je tâte les croupions 
De curieux volatiles
J’accueille les pigeons
Et quelques culs séniles
Non, dans le long cortège
De tous ces reposoirs
Ne soyez pas le piège
Où il fait bon s’asseoir

Moi, chaise de camping
Je me plie, je me prête
Qu’importe le standing
Quand les culs sont en fête

Pour les histoir’s de culs
Nous siégeons sur la place
Mais vous seriez déçu
Ici, rien de salace

En chaise de jardin 
On me veut printanière
Mais de beau cul, pas un
Tout au long de l’hiver
La fesse en goutte d’huile
De la belle jeunesse
A regagné la ville
Et d’autres pince-fesses
Banc des grands électeurs
Je compte à la séance
Les trains de sénateurs
Et les billets d’absence

Moi, siège de fortune
Bien loin des bancs de messe
J’ai fréquenté des lunes
Si pleines de promesses

Pour les histoir’s de culs
Nous siégeons sur la place
Mais vous seriez déçu
Ici, rien de salace

Fauteuil Emmanuelle
J’ai quelques fétichistes
Des travaux manuels
Musée de l’érotisme
Dans les salons d’osier
Aux fondements grinçants
Je peux à l’heur’ du thé
Faire un trône décent
Quand moi, modèle en kit
Enfant du roi de Suède
De nombreux culs hésitent
A me monter sans aide

Moi, banc de cathédrale
A la génuflexion
Tous ces culs me font mal 
Aux articulations

Pour les histoir’s de culs
Nous siégeons sur la place
Mais vous seriez déçu
Ici, rien de salace

Et moi, banquette arrière
Vous ne pourrez savoir
Sam’di soir sur la terre
Tout ce qu’on me fait voir

   Philippe Thivet
(GR34, 20/05/2018)