De bois

C’est bien un peu de sève
Qui coule dans mes veines
Bouillonne, s’y soulève
A l’aplomb des grands chênes

 C’est une larme d’ambre
Qui coule de mes yeux
Quand flotte un goût de cendre
Au pied des résineux

 Si le bois des guitares
Porte encor’ des chansons
Le feu aura sa part
Quand les vents tourneront

 Si le bois des guitares
Porte encor’ des chansons
Le feu aura sa part
Quand les vents tourneront

 C’est un peu de mon sang
Aux veinures du bois
La vie que j’y ressens
En y posant les doigts

 C’est un peu de ma tête
Qui roule dans la sciure
Quand la faim des tempêtes
S’abat sur les ramures

 Qu’y saigne une amourette
Ou même un coup de foudre
C’est du bois d’allumette
Qui met le feu aux poudres

Qu’y saigne une amourette
Ou même un coup de foudre
C’est du bois d’allumette
Qui met le feu aux poudres

 Ce n’est pas du bois mort
Dans ces mains d’ébéniste
J’y sens par tous ses pores
La forêt qui résiste

 C’est l’odeur qui l’en reste
De sa vie forestière
Dans la beauté du geste
D’une idée menuisière

 Et si le bateau craque
Au creux de la tempête
Le bois bande son arc
Pour mieux lui tenir tête

 Et si le bateau craque
Au creux de la tempête
Le bois bande son arc
Pour mieux lui tenir tête

 Philippe Thivet
(Adainville, 23/08/2012)