Chers voisins !

 Débarqués à nos port's par un flot de cartons,
On les a découverts par le trou de l'œill'ton.
Nous ne savions rien d'eux, qu'une nouvelle adresse,
Les voyant s'agiter au milieu de leurs caisses.

Mais ils font désormais partie de notre vie,
Nous avons comme on dit, des relations suivies.
Un territoir' commun, petit bout de palier,
Nous voit là chaque jour venir les saluer.

Chers voisins !
Il n'y a rien,
Rien qu'un mur
Entre nous.

Que la géographie du hasard nous rapproche,
Ne fait pas pour autant que nous soyons des proches.
Si nous savons nos noms, c'est sans indiscrétion,
Puisque les boît's aux lettr's font les présentations.

Nous faisons des voyag's ensemble en ascenseur,
En regardant nos pieds avec un air songeur.
Et puis nous échangeons bien sûr à tout propos,
Les plates évidences de constats météo.

Chers voisins !
Il n'y a rien,
Rien qu'un mur
Entre nous.

Des échos de nos vies pass'nt un peu les cloisons,
Trahissant quelquefois nos intimes passions.
Que devons-nous savoir de leurs scèn's de ménage
Où de leur goût prononcé pour le bricolage ?

Nous savons sans vouloir un peu leurs habitudes,
Et leurs bruits quelquefois meublent nos solitudes.
Un peu plus que quidams, bien moins que familiers,
Partageant, l'air de rien, bien plus qu'un escalier.

Chers voisins !
Il n'y a rien,
Rien qu'un mur
Entre nous.

Philippe Thivet
(02/04/2001)