Bivouac

Il sent bon l’indien dans la plaine
Le vent qui descend des collines
La vie qui vient comme on la mène
Les chemins que nos pas dessinent

Il sent le hasard des rencontres
Le ciel plus grand qu’on imagine
Le soleil qui nous sert de montre
Les yeux d’enfant qui s’illuminent

Ce bivouac ainsi planté
Au détour du dictionnaire
Que le vent a feuilleté
L’air de pas en avoir l’air

Il sent l’ailleurs à peine éclos
L’herbe plus verte ici qu’ailleurs
Le jour le jour au fil de l’eau
Pour le pire et pour le meilleur

Il sent l’ici et maintenant
Le feu qui reste à inventer
Tous les chemins nous y menant
Les fausses pistes arpentées

Ce bivouac ainsi planté
Au détour du dictionnaire
Que le vent a feuilleté
L’air de pas en avoir l’air

Il sent les nuits de solitude
L’ombre chinoise sous la Lune
Les lendemains que l’on élude
Le point d’eau pour toute fortune

Il sent l’horizon qui s’approche
La montagne qui nous appelle
Le Laguiole au fond de la poche
Le traintrain qui se fait la belle

Ce bivouac ainsi planté
Au détour du dictionnaire
Que le vent a feuilleté
L’air de pas en avoir l’air

Il sent les chansons à tue-tête
La forme inventée des nuages
Les soirs à la bonne franquette
Le coin d’herbe que l’on partage

Il sent la vie comme elle vient
Le thé brûlant chez les nomades
Le tipi au fond du jardin
Cette envie-là que l’on balade

Ce bivouac ainsi planté
Au détour du dictionnaire
Que le vent a feuilleté
L’air de pas en avoir l’air

Philippe Thivet
(GR®10, 12/09/2022)