Au bout des lignes

Trois petits points de suspension
A l’encre bleue de nos passions
Le désarroi du débiteur
Là, juste à l’heure du facteur
La confidence à demi-mot
Sous la rime prêchant le faux
L’anonymat du courageux
Jetant de son fiel sur le feu
Le cœur battant du dernier point
Sous la plume de l’écrivain

Mais qu’y a-t-il au bout des lignes ?
Quel mot, quell’ main, quel cœur, quel signe ?
Mais qu’y a-t-il au bout des lignes ?

L’ombre chinois’ de notre amour
Au tamisé de l’abat-jour
Cette chaleur dans nos carcasses
De l’atome qui nous menace
La partition du triphasé
Où l’étourneau vient s’accorder
La concurrence de l’éclair
Au 220 du lampadaire
Le feu du phare au bout de l’île
Là où la vie tient à ce fil

Mais qu’y a-t-il au bout des lignes ?
Quell’ peau, quell’ mer, quell’ peur, quel signe ?
Mais qu’y a-t-il au bout des lignes ?

Des herbes folles au coin d’un quai
Où autrefois je t’attendais
Ce pan d’Histoire barbelé
Dans les poitrines étoilées
L’oreille indienne sur la voie
Et qui t’entend venir à moi
Ce terminus où je vous sais
Couchés dans vos champs d’osselets
Venise au fond de ce train bleu
Où je t’espère encore un peu

Mais qu’y a-t-il au bout des lignes ?
Quell’ mort, quel train,, quell’ fleur, quel signe ?
Mais qu’y a-t-il au bout des lignes ?

Les mots perdus d’un S.O.S
Plus d’abonné à cette adresse
Le triste augur’ des sonneries
Trouant le silence des nuits
Le cri du cœur que l’on raccroche
Plus de monnaie au fond des poches
L’éclat bleuté de ce modem
Qui te décode mes « je t’aime »
Le vent berçant à l’horizon
Le fil de nos conversations

Mais qu’y a-t-il au bout des lignes ?
Quel cri, quell’ voix, quel pleur, quel signe ?
Mais qu’y a-t-il au bout des lignes ?

Philippe Thivet
(27/10/2016)