Tant qu’il y aura des livres

Tirer la couverture à soi
Pour la chaleur d’un simple titre
Et que l’on déchiffre parfois
Au palindrome d’une vitre

Ici l’auteur dit quelque chose
A son indiscret lectorat
Là c’est Le roman de la rose
Que je n’ai lu qu’au cinéma

N’être qu’un rat de librairie
En quête de sa nourriture
Friand de tout ce qui s’écrit
Tout ça n’est que littérature

Oui, tant qu’il y aura des livres
Et ce sang d’encre dans nos veines
La vie vaudra que l’on s’enivre
A pleine page, à pages pleines

La boussole d’un dictionnaire
Dans les méandres d’un roman
Et cette école buissonnière
Que l’on se fait tout simplement

Dans ce miroir entre les lignes
Que nous tend ce frère inconnu
Ce trait pour trait qui nous désigne
Ce regard qui nous met à nu

Et par tous ces livres qui comptent
Dans une vie à plus d’un titre
Avoir celle qu’on se raconte
Le temps d’une heure ou d’un chapitre

Oui, tant qu’il y aura des livres
Et ce sang d’encre dans nos veines
La vie vaudra que l’on s’enivre
A pleine page, à pages pleines

La traversée en solitaire
De cet océan de papier
M’a tant de fois fait crier: Terre!
Quand la vie m’a fait perdre pied

J’y aurai fait tant de rencontres
Intime(s) autant que littéraires
Tant de voyages à l’encontre
De cette image casanière

Puisque n’importe le flacon
A l’autodafé des liseuses
Lisons, lisons, lisons, lisons
Réchauffons nos âmes frileuses

Oui, tant qu’il y aura des livres
Et ce sang d’encre dans nos veines
La vie vaudra que l’on s’enivre
A pleine page, à pages pleines

Philippe Thivet 
(03/12/2019)