Quand je n’écrirai plus
Quand je n’écrirai plus
Qui s’en apercevra
Mes draps blancs tout au plus
Que rien ne tachera
Plus un mot de travers
Plus une tache d’encre
Pas un débris de vers
Plus de fautes de cancre
Si j’écrivais pour vous
Vous n’en avez rien su
Dans ce monde de fous
Toute attente est déçue
Quand je n’écrirai plus
Qui donc s’en rendra compte
Dans tout le superflu
De ce qui se raconte
Juste une page blanche
Emportée par le vent
Personne ne s’y penche
Pas plus mort, que vivant
Si j’espérais votre œil
Par-dessus mon épaule
J’en porte encor’ le deuil
Quand cette idée me frôle
Quand je n’écrirai plus
Qui diable le saura
Quel dernier mot s’ra lu
Qui s’y attardera
À peine une rature
Sur ma liste de courses
Quand ma littérature
Aura tari sa source
Si j’écrivais encore
À quelques vieux fantômes
Ils sont dans ce décor
Une poignée d’atomes
Quand je n’écrirai plus
Qui le saura vraiment
Qui verra le reflux
De mes épanchements
Plus de fausses pudeurs
D’aveux entre les lignes
La rime n’est qu’un leurre
Une feuille de vigne
Si j’écrivais pour toi
Tu regardais ailleurs
Je n’ resterai ma foi
Qu’un pauvre rimailleur
Quand je n’y serai plus
Qui s’en apercevra
Mon ombre tout au plus
Et qui me cherchera
Quand je n’écrirai plus
C’est pas demain la veille
Une paus’ tout au plus
Mais qui donc me surveille
Philippe Thivet
(20/09/2021)