Ivrogne de la rime
Encore en train d'écrire
Il est déjà point d'heure
Entre larme et sourire
A t'arracher le cœur
Penché sur le comptoir
A deux doigts de t'étendre
Racontant ton histoire
A qui veut bien l'entendre
Toujours entre deux vers
Ne tenant plus les mots
Tu crois pouvoir te taire
Mais l'encre coule à flot
Et tu refais le monde
Vacillant mais debout
En crachant à la ronde
Tes rimes de trois sous
Ivrogne
De la rime
Tu grognes
Et tu t'abîmes
Jusqu'à presque plus heure
Jusqu'à presque plus rien
Rimailleur anonyme
Soûlé d'encre et de sueur
Comme on le s'rait de vin
Ivrogne de la rime
Toujours en train d'écrire
Il est déjà bien tard
Tu n'as plus rien à dire
Et tu le fais savoir
Tu te lèves et tu lâches
Un bel alexandrin
En contemplant les taches
Qu'il laisse sur tes mains
Personne ne t'écoute
Alors tu remets ça
Un dernier pour la route
Et un autre après ça
Tu comptes sur l'ardoise
L'ombre de tes ratures
Les démons que tu croises
Après la fermeture
Ivrogne
De la rime
Tu grognes
Et tu t'abîmes
Jusqu'à presque plus heure
Jusqu'à presque plus rien
Rimailleur anonyme
Soûlé d'encre et de sueur
Comme on le s'rait de vin
Ivrogne de la rime
Encore en train d'écrire
Il est déjà demain
Tu ne peux pas dormir
Et ça ne rime à rien
Philippe Thivet
(18/10/2007)