Ne plus savoir

Ne plus savoir la peau à même la peau
Ne plus savoir le goût des lèvres inconnues
Ne plus savoir le bruit de nos coeurs sans repos
Plus même le frisson de notre mise à nu

Ne plus savoir l’attente du retour de l’autre
Ne plus savoir l’orgasme nous laissant pour mort
Ne plus savoir le souffl’ d’un corps contre le notre
L’impudique désir qui en réclame encore

Ne plus savoir les mains aux lignes de nos vies
Ne plus savoir la voix, le regard et le reste
Ne plus savoir le feu, l’étincelle d’envie
Le précieux inutil’ de la beauté du geste

Ne plus savoir l’espoir et le jeu du hasard
Ne plus savoir l’amour ou ce qui lui ressemble
Ne plus savoir les larmes sur ce quai de gare
Ni cette veste offerte aux épaules qui tremblent

Ne plus savoir l’échang’ d’un battement de cils
Ne plus savoir ce rien qui donne le sourire
Ne plus savoir l’idée laissant les corps fébriles
Pas même la brisure d’un éclat de rire

Ne plus savoir les mots que l’on ne trouve pas
Ne plus savoir la faim, l’âme et le corps exsangues
Ne plus savoir la crainte du tout premier pas
Ni même ce mot-là sur le bout de la langue

Et puis savoir enfin nos prénoms dans nos bouches
Savoir le vent léger caressant tes cheveux
Savoir déjà nos doigts qui peu à peu se touchent
Ce silence complice où l’on se dit, je veux

Philippe Thivet
(25/11/2020)

 

 

 

 

 

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