La politesse du désespoir

C’est la monnaie de notre pièce
Qu’on nous rend en éclats de rire
Le rouge au cœur de la tristesse
Qui remaquille son sourire

C’est l’éclaircie que l’on admire
La fleur éclos’ de la toundra
Le nez du clown en point de mire
Le waterproof du mascara

Le sot-l’y-laisse des mouchoirs
La politess’ du désespoir

C’est l’élégance de l’artiste
Tirant des larmes ce qui brille
La pirouette de l’alchimiste
Changeant le plomb en pacotille

C’est l’ombrelle du funambule
Ensoleillant le ciel de traîne
L’équilibriste sur sa bulle
Faisant danser son âme en peine

Le sot-l’y-laisse des mouchoirs
La politess’ du désespoir

C’est la bonne min’ du silence
Lorsque le cœur fait son vacarme
La digue infim’ des apparences
Quand le corps est au bord des larmes

C’est le fou rir’ sans camisole
Sous la douleur qui le transperce
Le contre-emploi du parasol
Au métronome de l’averse

Le sot-l’y-laisse des mouchoirs
La politess’ du désespoir

C’est l’œil affûté de Desproges
Quand la vie n’est que ce qu’elle est
L’intransigeance de l’horloge
S’en remettant à l’à-peu-près

C’est l’air de rien que l’on se donne
Quand s’effondrent nos petits mondes
Ce besoin d’en faire des tonnes
Lorsque tout nous pèse à la ronde

Le sot-l’y-laisse des mouchoirs
La politess’ du désespoir

C’est l’art du goudron et des plumes
Quand l’homm’ se prend trop au sérieux
Le trait d’humour que l’on allume
Avec ce qui brûle de mieux

La politess’ du désespoir
La politess’ du désespoir

                                                           à Chris Marker…

Philippe Thivet
(29/08/2017)