Dormir

C'est la mort avant l'heure
De ces chose(s) en suspens
C'est l'œil du voyageur
Quand la nuit le surprend

C'est l'image arrêtée
De nos moments perdus
Le décompte inversé
De ce temps suspendu

C'est l'océan profond
Où sombrent nos consciences
L'adulte moribond
Qui retombe en enfance

C'est la mort à rebours
Jusqu'au petit matin
La vie qui suit son cours
Tout en n'en sachant rien

Dormir
Dormir d'un œil
Ou bien à poings fermés
En demi-deuil
De nos vies rêvées
Dormir d'un œil
Ou sur nos deux oreilles
Echoués sur l'écueil
De notre sommeil

C'est la chute immobile
De nos corps fatigués
L'empreinte indélébile
De nos fins annoncées

C'est un adieu fragile
A la merci d'un bruit
C'est la fuite facile
Au sommet de l'ennui

C'est l'heur' du paradoxe
De nos vies parallèles
La marée d'équinoxe
Qui nous prend sous son aile

C'est nos rêve(s) et le pire
Qui se rejouent encore
Le flou des souvenirs
Revenant prendre corps

Dormir
Dormir d'un œil
Ou bien à poings fermés
En demi-deuil
De nos vies rêvées
Dormir d'un œil
Ou sur nos deux oreilles
Echoués sur l'écueil
De notre sommeil

C'est la salle d'attente
Où l'on voyage en douce
L'agonie souriante
Avec la vie aux trousses

C'est l'ombre du cauch'mar
Où se noie l'insomnie
C'est la lune en plein phare
Au chevet de nos nuits

C'est la peur du réveil
A nos heur's somnambules
C'est le prix de nos veilles
A l'aune des pendules

C'est le champ de coton
Où je viens lâcher prise
Le compte des moutons
Qui douc'ment m'hypnotise

Dormir
Dormir d'un œil
Ou bien à poings fermés
En demi-deuil
De nos vies rêvées
Dormir d'un œil
Ou sur nos deux oreilles
Echoués sur l'écueil
De notre sommeil

C'est ton souffle léger
Au creux de l'édredon
Quand il vient présager
De ta résurrection

Philippe Thivet
(28/05/2007)