Domaine de la solitude

Du cœur de nos déserts,
A celui de nos villes,
Qui ne bat pas très fort.
De ces voix familières,
A ces propos futiles,
Que le vent porte encore.

De ces heur's de patience,
Et que l'on nome espoir
Pour tromper son ennui,
A la fière élégance
De notre désespoir,
Qui s'avance sans bruit.

Le domain' de la solitude
Etend ses terr's à perte de cœur,
Etend ses terr's à perte de cœur.

De ces troupeaux sans âme,
Qui nous port'nt en cadence
Au défilé des jours,
Au plus commun des drames,
Qui se joue en silence
Quand le vide est trop lourd.

De ces amours meurtries,
Qui n'en finissent plus
De mourir en beauté,
A cette nostalgie
Venant jouer les élues
Dans le présent raté.

Le domain' de la solitude
Etend ses terr's à perte de cœur,
Etend ses terr's à perte de cœur.

De ces banalités
Teintées d'indifférence
Au jeu des politesses,
A la lucidité
Poignardant l'espérance
De nos vaines tristesses.

De ces boîtes sans lettre,
A tous ces téléphones,
Qui ne sonnent jamais.
De ce qu'il faudrait être,
Au cœur qui s'époumone
A battre ses regrets.

Le domain' de la solitude
Etend ses terr's à perte de cœur,
Etend ses terr's à perte de cœur.

De ces lits sous les fleurs
Où dorment nos amis,
Nos parents ou nos frères,
A ces nuits de fureur
Où l'on rejoue sa vie
Sur un coup de poker.

Du cœur de nos défaites,
A celui des victoires
Ne valant guère mieux.
De cette vie parfaite,
A toutes ces histoires
N'étant que poudre aux yeux.

Le domain' de la solitude
Etend ses terr's à perte de cœur,
Etend ses terr's à perte de cœur.

Philippe Thivet
(23/05/2003)
Musique : Giovanni Mirabassi

Editions MW8 music