Ce que nous taisons

Dans ce silence entre les mots
Nos omissions et nos mensonges
Sous nos faux airs d’être normaux
Dans les ténèbres de nos songes

Dans ces blessures qui cicatrisent
Selon ce que nous voulons croire
Sous ce bon mot qui ironise
Aux trous béants de nos mémoires

Peut-être à tort ou à raison
Nous sommes ce que nous taisons

Des recoins sombres de notre âme
Aux traumatismes de l’enfance
À la lueur de cette flamme
Ou au plein feu de nos violences

Dans cette angoisse qui nous ronge
L’exubérance des victoires
Sur ce divan où l’on s’allonge
Dans le reflet de nos miroirs

Peut-être à tort ou à raison
Nous sommes ce que nous taisons

Dans la colère qu’on étouffe
Dans cell’ qui se trompe de cible
Dans ces ragots où l’on s’essouffle
Sous le cuir  de nos points sensibles

Dans ce manteau d’indifférence
Sous ce raffut où l’on se noie
Dans tous ces appels en absence
Dans les fêlures de nos voix

Peut-être à tort ou à raison
Nous sommes ce que nous taisons

Sous ces rires un peu trop forts
Sous nos sourires de façade
Sur l’envers de notre confort
Sous nos masques et nos parades

Sous nos rapports de politesse
Nos faux aveux et nos non-dits
Dans l’euphorie de nos ivresses
Et cette vie qu’on s’interdit

Peut-être à tort ou à raison
Nous sommes ce que nous taisons

Nous sommes ce que nous taisons
Autant que ce que nous disons

Philippe Thivet
(09/01/2022)