Restez encore un peu
Vous les voix dans la nuit
Peuplant nos solitudes
Nos petits points d’appui
Faisant nos vies moins rudes
Les graines de poètes
Dispersées à tout vent
Qui nous rendez moins bêtes
Nous faites plus vivants
Vous les pêcheurs d’idées
Filets à papillons
Qui sans vouloir guider
Semez vos gravillons
Vous nos presque jumeaux
Notre part inventée
Vous les jongleurs de mots
Qui savez nous chanter
Restez encore un peu
Quand s’éteignent vos feux
Restez encore un peu
Pour une vie ou deux
Vous les intermittents
De ce théâtre intime
Artistes de tout temps
Sublimant nos abîmes
Vous parfois si discrets
Qui nous frôlez à peine
Ou bien monstres parfaits
Qui dévorez la scène
Un peu de la famille
Pas tout à fait amis
Qui faites que ça brille
Au fond de nos tamis
Vous au gros de l’averse
Parapluie en partage
Vos chemins de traverse
Invitant au voyage
Restez encore un peu
Quand s’éteignent vos feux
Restez encore un peu
Pour une vie ou deux
Vous les grands funambules
De nos cordes sensibles
Notre point de bascule
Notre part indicible
Vous artistes de rue
Dérailleurs de train-train
Qui font qu’on y a cru
Pour un moment au moins
Vous les têtes d’affiche
De notre panthéon
Dans ce ciel où se fichent
Vos étoile(s) au néon
Ô vous les saltimbanques
Sans un sou dans les caisses
Sous vos faux-nez se planquent
De plus nobles richesses
Restez encore un peu
Quand s’éteignent vos feux
Restez encore un peu
Pour une vie ou deux
Où que porte l’écho
De vos voix silencieuses
Nous y versons l’écot
De nos soirées pluvieuses
à Nilda…
Philippe Thivet
(10/06/2019)