Les coquelicots
Quelques pétales d’insolence
Drapés de leur fébrilité
Comme un éclat d’adolescence
De force et de fragilité
Dans la blondeur d’un champ de blé
Qu’un brin de bris’ veut palpitant
A quoi cela peut ressembler
Perle de sang ou cœur battant ?
Toi qui aimais les coqu’licots
Vois-tu, je ne t’oublie pas trop
Rouge éclatant dans le tableau
Encor’ fripé de son éveil
Le peintre a mis sous son pinceau
Un sentiment qui s’y délaye
La fleur sauvag’ de nos talus
Sa besace gonflée de graines
Semble étonnée qu’on évalue
A la rar’té, la beauté reine
Toi qui aimais les coqu’licots
Vois-tu, je ne t’oublie pas trop
Papier de soie au gré des vents
Comme un dernier courrier du cœur
A l’encre d’un soleil couchant
Venant nous crier sa pudeur
Pas une fleur de boutonnière
Sitôt cueillie qu’elle se fane
A son école buissonnière
L’immortelle à son bonnet d’âne
Toi qui aimais les coqu’licots
Vois-tu, je ne t’oublie pas trop
Belle indomptable aux herbes folles
En pointillés de nos saisons
Que d’aucuns la disent frivole
Ou rouge sang de nos moissons
Je garde au cœur comme un bouquet
De pleine terre et de plein champ
Le rouge vif de cette plaie
Et l’insolence des absents
Toi qui aimais les coqu’licots
Vois-tu, je ne t’oublie pas trop
Philippe Thivet
(26/06/2012)
Gédres (65), juin 2012