Histoire de fantômes
On a tous quelques morts
Au fond de la mémoire,
On s'abîme, on se tord,
On se pinc' pour y croire.
Qu'on fass' semblant de rien,
Qu'on chial' comme des mômes,
On a tous un matin
Quelques copains fantômes.
Pour un chat, pour un chien,
Pour un frangin qu'on paume,
On a tous dans un coin
Un petit hématome.
On a tous dans le cœur
Cette impression de vide,
Une étrange douleur
Cachée sous quelque ride.
On a tous quelques morts
Que l'oubli pourrait tuer,
Et l'on lutte plus fort
Pour ne pas s'habituer.
Que l'on rie, qu'on grimace,
Que l'on cour', que l'on tombe,
On a tous quoi qu'on fasse
Un' pensée dans la tombe.
Un' croix dans un cim'tière,
Un chapeau, un souv'nir,
A chacun sa bannière,
Sa façon de le dire.
On a tous des regrets,
Des « je t'aime » à revendre,
On espère en secret
Qu'ils pourront les entendre.
Qu'ils pourront les entendre.
(à Frédéric et Stéphane...)
Philippe Thivet
(20/02/2001)