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« B B »

Le feu de camp au fond des bois,
Nos yeux brillants, nos cris de joie,
Tout s'est éteint ce jour d'été,
Un jour de juin tout a sombré.

Notr' cerf-volant s'est écrasé,
D'un coup violent, juste à mes pieds.
Tous nos secrets, tous nos délires,
Se sont scellés sans ton av'nir.

Dis-moi qu' c'est pas, pas pour de vrai,
Qu' t' es pas parti, qu' c'est pour du beurre,
Que tu r'viendras d' ce gag mauvais.
Dis-moi Fredo qu' c'est pour du beurre.

Il y a cet homm' que l'on est plus,
Tu sais cett' somm' qu'on avait crue.
Rien qu'un' moitié à la dérive,
Ton corps entier est sur la rive.

Nos découvert's d'adolescents,
Nos lettr's ouvert's : des mots, du vent.
Nos déchirur's, ton rir' d'enfant,
Tout's les blessur's d'un cœur béant.

Dis-moi qu' c'est pas, pas pour de vrai,
Qu' t' es pas parti, qu' c'est pour du beurre,
Que tu r'viendras d' ce gag mauvais.
Dis-moi Fredo qu' c'est pour du beurre.

A la baignad', l'eau coul' toujours,
Elle est bien froid' depuis ce jour.
Sans nos deux fils à démêler,
La pêch' m'ennuie, c'est trop changé.

T'appeler « B B » t'aimais pas ça,
Je ne saurai jamais pourquoi,
Tout comm' je n' saurai pas non plus,
Quel homm' tu n'es pas devenu.

Dis-moi qu' c'est pas, pas pour de vrai,
Qu' t' es pas parti, qu' c'est pour du beurre,
Que tu r'viendras d' ce gag mauvais.
Dis-moi Fredo qu' c'est pour du beurre.

Le feu de camp au fond des bois,
Nos yeux brillants, nos cris de joie,
Tout s'est éteint ce jour d'été,
Un jour de juin tout a sombré.

Un pas d'élan, une seconde,
Démarch' d'enfant, les larmes fondent.
Les cendr's humid's au fond des bois,
Les yeux bien vid's braqués sur toi.

Philippe Thivet
(14/06/1988)