A un frère

Rien dans les poch's, le cœur au vent,
La vie déjà t'appartenait,
A quoi bon lui montrer les dents
Quand un sourir' lui suffisait.

La Mort jalouse à en crever,
Pourtant n'eut qu'à claquer des doigts,
Pour froidement tout arrêter,
Disant, il me faut celui-là.

Si ce jour-là on t'avait dit,
Que pour toi c'était le dernier,
Ensemble nous aurions bien ri,
Autant qu'après j'en ai pleuré.

Ce soir encor' je pense à toi
Dans la folie de ce désert,
Le monde tourne encor' ma foi,
Mais à jamais me manque un frère.

Parti comme tu as vécu,
Au jour le jour et sans bagage,
Je ne peux t'avouer vaincu,
La mort ce n'est pas de ton âge.

Quatre cents coups faits pour de rire,
Quand on y pens' c'est pas des masses,
A pein' de quoi se divertir,
Sans même que jeuness' se passe.

S'il me rest' le son de ta voix,
Des bouts de toi, quelques images,
Les souv'nirs ne font pas le poids
Où bien me brisent d'avantage.

Ce soir encor' je pense à toi
Dans la folie de ce désert,
Le monde tourne encor' ma foi,
Mais à jamais me manque un frère.

Si j'avais su ta dernière heure
Dans les éclats de ta jeunesse,
Aurais-je étouffé ma pudeur
Pour mieux te dire ma tendresse ?

Mêm' si les cris que je retiens,
Eux me rongent de l'intérieur,
Puisque la vie t'allait si bien,
Je tâche d'être à la hauteur.

Bien sûr elle elle continue,
Et c'est peut-être ça le pire,
Il y a tout c' que tu n'es plus
Jusqu'au tréfonds de nos fous rires.

Ce soir encor' je pense à toi
Dans la folie de ce désert,
Le monde tourne encor' ma foi,
Mais à jamais me manque un frère.

Philippe Thivet
(29/09/2003 - 28/08/2004)
Musique : Giovanni Mirabassi

Editions MW8 Music