À Loki

                                                                                                           Photographie: Sarah Thivet

À ces mains pleines de câlins
Ces lèvres gonflées de bisous
Ce petit jeu du plus malin
Où il perdait à tous les coups

Au craquement des branches mortes
Qui le faisait flipper sa race
Au grincement de cette porte
Où son gros nez laissait sa trace

À ce sentier dans la forêt
Où il déboulait ventre à terre
À ceux que l’on réinventait
Quand il me sortait prendre l’air

Manque tout juste ce gros chien
Ce Rantanplan, ce vrai pacha
Et que j’aimais comme le mien
Moi qui ne jur’ que par les chats

À ce bon feu de cheminée
À cette neige sans empreintes
Aux nuits de cette maisonnée
Où il pouvait ronfler sans crainte

Aux animaux des alentours
Et qu’il voulait copains-copains
Quand il faisait son petit tour
Ne se méfiant que des humains

À la fraîcheur du carrelage
Lorsque le temps est à la clim
Cette envie de prendre de l’âge
Entre le clebs et la gamine

Manque tout juste ce gros chien
Ce Scooby-Doo, ce vrai pacha
Et que j’aimais comme le mien
Moi qui ne jur’ que par les chats

À cette queue battant tambour
Pour mieux accompagner la fête
Que nous faisait ce gros balourd
En nous piétinant les baskets

À ce souffle d’harmonica
Qui le faisait si bien chanter
Cette façon de fair’ grand cas
De ce bébé à dorloter

Au dessous de cet escalier
Où il rêvait à en gémir
À cette laisse sans collier
Pendue au clou des souvenirs

Manque tout juste ce gros chien
Ce Rantanplan, ce vrai pacha
Et que j’aimais comme le mien
Moi qui ne jur’ que par les chats

Mais pas aux matous des voisins
Qui eux n’y auront vu qu’un chien

Philippe Thivet
(01/06/2020)