La girouette

Le cul entre deux chaises,
Il traîne ses histoires.
Tous les fauteuils lui plaisent,
Il ne sait où s'asseoir.

En indécis déterminé,
Il chang' d'avis comm' de chemise.
Si la mode vient à tourner
Son indécision sera prise.

Il vir' de bord à qui mieux mieux,
Marin d'eau trouble au cent mill' caps.
Acrobate du désaveu,
Une pirouette et il s'échappe.

Puis il retourne encor' sa veste,
Ménageant la chèvre et le chou.
Il vous dit « j'aim' » pour « je déteste »,
Histoir' de rester dans le coup.

Certains l'appellent la girouette,
Parce qu'il tourne avec le vent,
Mais il n'a qu'une idée en tête :
Cell' de l'avoir au bon moment.

L'esprit entre deux feux,
Il traîn' sa silhouette,
Prêt à jouer le jeu
Du chang'ment de casquette.

En opiniâtre opportuniste,
Il est toujours à son affaire.
Et ses pensées contorsionnistes
Lui tiennent lieu de caractère.

Il lutte envers et contre rien,
Mettant ses convictions en pièces.
De ce puzzle de trois fois rien,
Il peut bien vous en fair' des caisses.

Ami ami ou ennemi,
Toujours selon les circonstances,
Il vire encore sa cuti
Pour pouvoir entrer dans la danse.

Certains l'appellent la girouette,
Parce qu'il tourne avec le vent,
Mais il n'a qu'une idée en tête :
Cell' de l'avoir au bon moment.

Le cœur entre deux eaux,
Il traîne ses passions,
Offrant à tout propos
Son bouquet d'opinions.

En invariable versatile,
Il vous dit tout et son contraire,
Et pour ne pas perdre le fil,
Il le démêle à sa manière.

Il change son fusil d'épaule.
Il met de l'eau dans son coca.
Inverse habillement les rôles
‘vec ses princip's au cas par cas.

Caméléon très volubile,
Il pense noir et il dit gris,
Disant qu'il n'y a qu' les imbéciles
Qui ne sont pas de ses avis.

Certains l'appellent la girouette,
Parce qu'il tourne avec le vent,
Mais il n'a qu'une idée en tête :
Cell' de l'avoir au bon moment.

Philippe Thivet
(22/07/2002)